Vêtements islamiques

KABOUL, 20 janvier (Reuters) – Dans un petit atelier de couture à Kaboul, l'entrepreneure afghane Sohaila Noori, 29 ans, a vu ses effectifs d'environ 30 femmes confectionner des foulards, des robes et des vêtements pour bébés s'effondrer.
Il y a quelques mois, avant que les talibans islamiques extrémistes ne prennent le pouvoir en août, elle employait plus de 80 travailleurs, principalement des femmes, dans trois ateliers textiles différents.
« Dans le passé, nous avions beaucoup de travail à faire », raconte Noori, déterminée à maintenir son entreprise à flot pour embaucher le plus de femmes possible.
"Nous avons différents types de contrats et nous pouvons facilement payer les couturières et autres travailleurs, mais pour le moment nous n'avons pas de contrat."
Avec l'économie afghane embourbée dans la crise - des milliards de dollars d'aide et de réserves coupés et des gens ordinaires sans même l'argent de base - des entreprises comme Nouri ont du mal à rester à flot.
Pour aggraver les choses, les talibans n'autorisent les femmes à travailler que selon leur interprétation de la loi islamique, ce qui incite certaines à quitter leur emploi par crainte d'être punies par un groupe qui a sévèrement restreint leur liberté la dernière fois qu'elles ont gouverné.
Les gains durement acquis pour les droits des femmes au cours des 20 dernières années ont été rapidement annulés, et le rapport de cette semaine des experts internationaux des droits et des organisations syndicales brosse un sombre tableau de l'emploi des femmes et de l'accès à l'espace public.
Alors que la crise économique balaie le pays – certaines agences prédisent qu'elle plongera la quasi-totalité de la population dans la pauvreté dans les mois à venir – les femmes en ressentent particulièrement les effets.
Sohaila Noori, 29 ans, propriétaire d'un atelier de couture, pose dans son atelier à Kaboul, Afghanistan, le 15 janvier 2022.REUTERS/Ali Khara
Ramin Behzad, coordinateur principal de l'Organisation internationale du travail (OIT) pour l'Afghanistan, a déclaré : « La crise en Afghanistan a rendu la situation des travailleuses encore plus difficile.
"Les emplois dans les secteurs clés se sont taris et de nouvelles restrictions à la participation des femmes dans certains secteurs de l'économie frappent le pays."
Le niveau d'emploi des femmes en Afghanistan a chuté d'environ 16 % au troisième trimestre 2021, contre 6 % pour les hommes, selon un rapport publié mercredi par l'Organisation internationale du travail.
Si la situation actuelle persiste, d'ici la mi-2022, le taux d'emploi des femmes devrait être inférieur de 21 % à ce qu'il était avant la prise du pouvoir par les talibans, selon l'Organisation internationale du travail.
« La plupart de nos familles s'inquiètent pour notre sécurité.Ils nous appellent à plusieurs reprises lorsque nous ne rentrons pas à l'heure, mais nous continuons tous à travailler… parce que nous avons des problèmes financiers », a déclaré Leruma, à qui un seul nom a été donné par crainte pour sa sécurité.
"Mon revenu mensuel est d'environ 1 000 Afghans (10 dollars) et je suis le seul à travailler dans ma famille... Malheureusement, depuis l'arrivée au pouvoir des talibans, il n'y a (presque) plus aucun revenu."
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Heure de publication : 22 janvier 2022